En notre tour de Babel, laquelle est la plus belle
La plus aimable parmi les femmes de nos amis ?
Laquelle est notre vraie nounou, la p'tite sœur des pauvres de nous
Dans le guignon toujours présente, quelle est cette fée bienfaisante ?
C'est pas la femme de Bertrand, pas la femme de Gontrand
Pas la femme de Pamphile, c'est pas la femme de Firmin
Pas la femme de Germain, ni celle de Benjamin
C'est pas la femme d'Honoré, ni celle de Désiré
Ni celle de Théophile, encore moins la femme de Nestor
Non, c'est la femme d'Hector.
Comme nous dansons devant le buffet bien souvent
On a toujours peu ou prou les bas criblés de trous
Qui raccommode ces malheurs de fils de toutes les couleurs
Qui brode, divine cousette, des arcs-en-ciel à nos chaussettes ?
C'est pas la femme de Bertrand, pas la femme de Gontrand
Pas la femme de Pamphile, c'est pas la femme de Firmin
Pas la femme de Germain, ni celle de Benjamin
C'est pas la femme d'Honoré, ni celle de Désiré
Ni celle de Théophile, encore moins la femme de Nestor
Non, c'est la femme d'Hector.
Quand on nous prend la main sacré bon dieu dans un sac
Et qu'on nous envoie planter des choux à la santé
Quelle est celle qui, prenant modèle sur les vertus des chiens fidèles
Reste à l'arrêt devant la porte en attendant qu'on en ressorte ?
C'est pas la femme de Bertrand, pas la femme de Gontrand
Pas la femme de Pamphile, c'est pas la femme de Firmin
Pas la femme de Germain, ni celle de Benjamin
C'est pas la femme d'Honoré, ni celle de Désiré
Ni celle de Théophile, encore moins la femme de Nestor
Non, c'est la femme d'Hector.
Et quand l'un d'entre nous meurt, qu'on nous met en demeure
De débarrasser l'hôtel de ses restes mortels
Quelle est celle qui r'mue tout Paris pour qu'on lui fasse, au plus bas prix
Des funérailles gigantesques, pas nationales, non, mais presque ?
C'est pas la femme de Bertrand, pas la femme de Gontrand
Pas la femme de Pamphile, c'est pas la femme de Firmin
Pas la femme de Germain, ni celle de Benjamin
C'est pas la femme d'Honoré, ni celle de Désiré
Ni celle de Théophile, encore moins la femme de Nestor
Non, c'est la femme d'Hector.
Et quand vient le mois de mai, le joli temps d'aimer
Que sans écho, dans les cours, nous hurlons à l'amour
Quelle est celle qui nous plaint beaucoup
Quelle est celle qui nous saute au cou
Qui nous dispense sa tendresse toutes ses économies d'caresses ?
C'est pas la femme de Bertrand, pas la femme de Gontrand
Pas la femme de Pamphile, c'est pas la femme de Firmin
Pas la femme de Germain, ni celle de Benjamin
C'est pas la femme d'Honoré, ni celle de Désiré
Ni celle de Théophile, encore moins la femme de Nestor
Non, c'est la femme d'Hector.
Ne jetons pas les morceaux de nos cœurs aux pourceaux
Perdons pas notre latin au profit des pantins
Chantons pas la langue des dieux pour les balourds, les fesse-Mathieu
Les paltoquets, ni les bobèches, les foutriquets, ni les pimbêches
Ni pour la femme de Bertrand, pur la femme de Gontrand
Pour la femme de Pamphile, ni pour la femme de Firmin
Pour la femme de Germain, pour celle de Benjamin
Ni pour la femme d'Honoré, la femme de Désiré
La femme de Théophile, encore moins pour la femme de Nestor
Mais pour la femme d'Hector.
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